Cela fait presque 10 ans que je m’entraîne avec un moniteur de fréquence cardiaque, et depuis un peu plus d’un an, date à laquelle j’ai commencé à appréhender l’entraînement par la puissance, je vois de plus en plus les limites des bpm. Qu’on se le dise, le cœur est une chose, les muscles une autre. Et ce sont bien les muscles qui, alimentés en oxygène par le cœur, vous font avancer. Les deux ensembles pourraient alors être comparés au moteur d’une voiture dont les échanges gazeux au niveau des muscles pourraient correspondre à la chambre de combustion.

coeur sportif

Un cœur qui bat lentement (au repos ou en endurance) est très souvent synonyme d’un cœur en forme. Mais un cœur qui refuse de monter dans les tours à l’effort est caractéristique d’une fatigue générale. De façon plus générale la réaction du cœur à l’effort reste très variable et dépendra d’une multitude d’autres paramètres que la simple soumission du corps à un effort donné.

Qui n’a jamais vu, à effort équivalent, ses battements cardiaques 10 à 20 pulsations plus haute que d’habitude un lendemain de soirée alcoolisée ? Et qui n’a jamais vu son cœur refuser de monter dans les tours un jour de fatigue général ?

Fréquence cardiaque

Pour rappel, le cœur agit comme une réponse à l’effort et n’est en aucun cas la source de celui-ci. À titre d’exemple, si vous effectuez un effort maximal à vélo, la montée cardiaque ne se fera qu’avec un certain retard et avec une inertie importante. Je me souviendrai toujours lorsqu’en reprise d’entraînement après deux à trois semaines d’inactivité, l’organe cardiaque montait haut, les sensations étaient bonnes mais les watts pas forcément au rendez-vous. De la même façon, après une période avec une charge d’entraînement importante, le cœur aura du mal à monter malgré le fait d’appuyer sur les pédales.

Ce phénomène évoqué ici à vélo est sensiblement le même en course à pied. Un jour de grosse fatigue, vous pourrez essayer d’accélérer mais votre cardio restera relativement bas. Attention alors à ne pas y voir le reflet de gros progrès. Il s’agit tout simplement de la traduction de la fatigue de votre organisme.

À partir de là, quel crédit peut-on donner à la valeur que va afficher le cardio fréquencemètre ? Peut-on planifier des entraînements sur des zones cardiaques ? Je le crois de moins en moins. Et à ce titre l’échelle de ressenti d’effort (par exemple l’échelle ESIE de Frédéric Grappe) me semble bien plus pertinente. Les sensations et leur interprétation doivent faire partie intégrante de vos séquences d’entraînement.

Echelle ESIE Grappe

A quoi bon utiliser un cardiofréquencemètre alors ? Alors qu’auparavant mes yeux étaient bien souvent fixés sur la valeur affichée, désormais, je ne le regarde plus au cours de l’entraînement mais à posteriori.

Les valeurs moyennes et maximales de fréquence cardiaque atteintes sont désormais des critères qui me guident dans l’orientation que je donne à mes entraînements en terme d’intensité. Dans une phase de charge d’entraînement importante, plus la valeur maximale atteinte sera élevée et plus cela restera caractéristique de l’absence de fatigue, signe qu’on peut enchaîner les séances avec intensité.

A contrario, si je vois qu’au cours d’effort à allure tempo ou FTP elle reste définitivement bloquée à une valeur en deçà des valeurs habituelles, je me dis alors qu’un peu de repos (complet ou avec des séances sans intensité) ne me ferait pas de mal.