S’il y a bien une chose que j’ai découvert depuis 12 mois, c’est que le vélo en course ne ressemblait en rien au vélo sur une épreuve de triathlon sans drafting,  et inversement. Dans le premier cas, vous aurez beau être le plus fort, vous ne serez pas sur de gagner, alors que dans le second cas, vous aurez de très forte probabilité de déposer votre vélo à T2 dans les tous premiers (bien sûr en supposant que votre natation ne vous pénalise pas trop). A cela plusieurs raisons.

Sur un triathlon :

  • A matériel équivalent, plus vous êtes en mesure d’appuyer sur les pédales et plus vous serez bien placés à l’arrivée. L’aspect tactique quasi inexistant (cela reste cependant un point qui n’est pas forcément vrai chez les professionnels jouant les avants postes) tout comme l’effet d’aspiration (lorsque les participants jouent le jeu et ne se mettent pas dans les roues des concurrents devant eux).
  • La gestion de l’effort est primordiale. Lorsqu’un triathlète connait ses paramètres physiologiques (FTP ou fréquence cardiaque seuil), il sera en mesure de se caler à une puissance cible lui permettant de correctement dépenser ses forces sans jamais se mettre dans le rouge.

Entraînement contre la montre

A contrario, sur une course de vélo :

  • L’aspect tactique reste très important. Cela est notamment du à l’impact de l’effet d’aspiration, mais également à la stratégie d’équipe et aux faits de courses. Ce n’est donc pas toujours le plus fort qui gagne, c’est aussi le plus malin ou le plus soutenu par ses coéquipiers.
  • La gestion de l’effort est tout autre. Il faut parfois se mettre dans le rouge pour suivre les bonnes roues, mais également pour créer une échappée. Et il faut savoir rester caché pour économiser ses forces. Entre celui qui va rester dans les roues et celui qui roulera devant ou en échappée, la dépense d’effort peut être quasiment doublée.

Peloton cycliste

C’est également l’analyse des efforts en terme de puissance qu’il est intéressant de comparer.

Le vélo en triathlon correspond a un effort très linéaire. En effet, le triathlète ne subit pas, ou ne réalise pas d’attaque pour prendre les devants sur la course. Il réalise tout simplement son effort à une puissance constante cible permettant d’avoir un index de variabilité (pour rappel sur l’Index de Variabilité IV, vous pouvez regarder ici) proche de 1. Voici par exemple la forme de la distribution entre les zones de puissances d’un triathlon :

Distribution puissance triathlon

La puissance moyenne sera proche de la puissance NP, et la majorité du temps passé sur le vélo le sera dans la zone cible prévue avant la course, symbolisée ici dans les zones 3 et 4.

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Sur une course de vélo, les efforts seront beaucoup plus hachés, avec des intervalles dans des zones de puissance très haute mais aussi dans les zones de puissance basses. A titre d’exemple, voici, à puissance moyenne pondérée quasi identique (291W NP pour 290W NP dans l’exemple précédent), la distribution dans les zones d’effort d’une course cycliste :

Distribution puissance course de vélo

On remarque que le temps passé dans la zone anaérobie est très important, tout comme celui passé dans les zones 1 et 2. C’est la nature même de la course et de l’effort en peloton qui est caractérisé ici : savoir se mettre à bloc afin de suivre les roues, sous peine de sauter et de n’avoir aucune chance de finir correctement la course. Mais aussi subir les accélérations et les ralentissements du peloton. Car l’effort ne dépend pas uniquement du coureur, mais des coureurs qui sont autour de lui.

Les répartitions des puissances sont différentes, les gestions des efforts n’ont rien à voir, ce qui en fait bien deux disciplines distinctes. Il y a 3 ans, j’écrivais déjà cela. L’analyse et la conclusion étaient déjà bonnes même si mon avis sur la question et la façon de voir les choses ont beaucoup changé :).