En ayant fait l’acquisition d’un capteur de puissance, j’ai découvert une nouvelle façon de m’entraîner et une nouvelle approche du cyclisme. Après avoir décrit de façon assez brève les notions de base de la puissance, je vais revenir plus particulièrement sur la notion de FTP.

Pourquoi revenir sur cette notion ? Pour le cycliste et le triathlète, qu’il roule pour le plaisir, pour se tirer la bourre avec les copains ou qu’il roule en compétition, la FTP me semble être la notion qui caractérise le mieux le niveau de performance (j’exclus ici les cyclistes de profil sprinter, dont le type d’effort n’est pas du tout le même et qui correspond avant tout à un exercice purement anaérobie).

Courbe de puissance

Pour mémoire, la FTP (Fonctionnal Threshold Power) correspond à la puissance maximale moyenne qu’un cycliste peut développer sur un intervalle d’une heure. On pourrait alors l’assimiler à la valeur du seuil en cyclisme, bien qu’il s’agisse d’une valeur légèrement inférieure. Elle caractérise le niveau de puissance à partir duquel les muscles vont produire de l’acide lactique comme déchets post contraction.

Pour faire simple, chaque fois que vous développez une puissance supérieure à votre FTP, vos muscles vont utiliser un processus qui va fabriquer des lactates afin de produire leurs contractions (un peu comme les gaz d’échappement d’une voiture), et chaque fois que vous serez en dessous de votre FTP, vos muscles utiliseront les réserves de glycogène sans produire de lactates. Il faut comprendre qu’à chaque fois que vous passez dans la zone lactique, vos muscles se verront “affectés” et dans une certaine mesure verront leurs capacités réduites.

Principe FTP

Voici une schématisation afin de mieux comprendre la notion de FTP. La performance d’un cycliste peut être assimilé à une “réserve d’énergie potentielle”. A chaque fois qu’il développera une puissance supérieure à sa FTP, il puisera dans cette réserve .

Schéma FTP

Bien évidemment, la façon dont cette réserve est entamée dépendra du temps et du niveau passé au dessus de la FTP. Passer 3 minutes à 130% de FTP entamera plus que 3 minutes passées à 110% de FTP. Et de la même façon, passer 3 minutes à 120% de FTP entameront plus de 2 minutes passées à 120% de FTP.

On parlera alors de critical peaks (CP) pour les temps passés dans chaque zone de puissance supérieure à FTP. Chaque athlète sera à même d’encaisser un total de  x minutes et y secondes dans chaque zone de puissance avant de vider totalement son potentiel de puissance restante.

Il y a un point sur lequel je suis incapable de répondre est la façon dont est entamée cette réserve d’énergie. Ce qui semble néanmoins probable est la non-linéarité de la relation entre puissance développée et épuisement de cette réserve. 2 minutes à 140% de FTP ne puiseront pas seulement le double de 2 minutes à 120% de FTP, mais surement bien plus. Sans en avoir la certitude, je dirais que cette évolution aurait une forme exponentielle. C’est d’ailleurs pour cela que la courbe représentant la puissance développable par un cycliste en fonction du temps prends une forme inverse :

Puissance en fonction du temps

Vous comprendrez donc que moins on restera dans la zone rouge de puissance supérieure à FTP et plus les muscles resteront efficaces dans le temps. Si on prend le cas d’une course cycliste, le vainqueur (si on exclut les notions de tactiques) sera le coureur dont la réserve sera la moins vide dans les derniers kilomètres et qui sera le plus à même de fournir l’accélération finale. Et dans le cas d’un triathlon, plus l’athlète restera en dessous de cette valeur limite de puissance et moins la course à pied enchaînée en troisième partie d’épreuve sera dure.

Entre deux athlètes de FTP différentes, on peut alors voir les choses de deux façons :

  • Soit on considère que cette réserve est plus importante chez le cycliste ayant la FTP la plus haute (FTPathlète 1 > FTPathlète 2).

Modèle FTP 1

  • Soit on considère que les deux cyclistes ont une réserve de même taille mais que le cycliste ayant la FTP la plus élevée puisera de façon plus tardive dedans (FTPathlète 1 > FTPathlète 2) pour un même niveau de puissance supérieure à FTP.

Modèle FTP 2

Si à la fin d’une sortie ou d’une course (et sous réserve que la limite n’est pas l’apport en glucides) vous êtes complètement vidé et que vous n’arrivez plus appuyer sur les pédales, c’est que vous aurez au préalable épuisé cette réserve et que vos muscles n’arriveront plus à produire un certain niveau de puissance.

La conclusion est donc simple : plus la FTP est élevée et plus il est possible de développer de la puissance sans taper dans cette ressource. Un des objectifs de l’entraînement est d’abord de bien connaître la valeur de sa FTP puis de repousser ce seuil. En ce qui concerne ce dernier point, je reviendrai ultérieurement sur les moyens de développer ce paramètre physiologique d’un athlète.