Je reviens sur cette phrase de Paul Fournel dans son livre Besoin de Vélo. Le Cyclisme, de prime abord, est un sport que je qualifierai de “facile et agréable”. On peut le pratiquer pendant des heures et des heures, on ressent rapidement des sensations plaisantes de vitesse, sa pratique donne l’occasion de découvrir de nombreux paysages, l’absence de choc réduit l’apparition de traumatisme, et le plaisir de monter sur sa machine rend les plus matérialistes d’entre nous heureux.

Mais au-delà de ce tableau idyllique se cachent les Autres. Je ne parle pas du film d’épouvante dont Nicole Kindman est la tête d’affiche mais des cyclistes avec qui nous avons l’occasion de partager les routes. Car le cyclisme est avant tout un combat contre ses adversaires.

Peloton cycliste

Autant en Triathlon ou Course à Pied, on se bat contre soi et ses objectifs, mais en cyclisme, on ne se bat plus contre ses démons et ses buts immatériels, mais bel et bien contre des personnes physiques.

Et l’Enfer, c’est lorsque ces adversaires ont une forme physique supérieure : Vous avez déjà les cuisses qui brûlent que celui qui tire le peloton se permet d’en rajouter une couche. Haletant, l’acide lactique qui commence à se faire ressentir, vous lui donneriez n’importe quoi pour qu’il réduise son effort et arrête d’appuyer sauvagement sur ses pédales.

Sucer les roues

Sauf que la douleur que vous ressentez, lui ne la ressent pas. Il se permet même de porter sa gourde à sa bouche tandis que vous n’osez même pas lever les yeux de sa roue sous peine de perdre l’aspiration.

C’est là toute la difficulté du vélo. Car lâcher la roue est synonyme de longues minutes perdues : seul face au vent, la moyenne de vitesse chute brutalement, et la partie de roue devient alors un long chemin de croix, voyant au loin les Autres s’éloigner et vous abandonner à la façon d’une bouteille à la mer.

C’est un bien triste sort que les plus forts peuvent réserver aux plus faibles. Mais c’est aussi lorsque l’effort devient difficile et qu’il faut suivre meilleur que soi qu’on progresse. Et dites-vous que parfois le plus fort est devant vous, mais que parfois c’est aussi vous le plus fort et que ce sont ceux qui vous suivent qui serrent les dents et qui souffrent.

Serrer les dents