Aux antipodes de la course à pied plaisir, se résumant à une ballade nature ou urbaine, se trouve la séance de piste. Un stade, 400 mètres de tartan, une tribune, une pelouse au milieu, description de longues minutes de supplice.
18h30 : Au bout d’une une journée au cours de laquelle vous n’avez pas arrêté de penser à la souffrance qui vous attend en ce début de soirée, vous entrez dans l’enceinte du stade. Après un rapide contact avec la piste, vous commencez à trottiner doucement. Des gamins jouent insoucieusement au football sur le terrain qui se trouve au milieu. D’autres athlètes enchaînent déjà leurs séries tandis que quelques spectateurs discutent dans les tribunes.
18h50 : Dans une atmosphère encore calme, vous terminez votre échauffement par quelques éducatifs et lignes droites afin de préparer les muscles et le cœur à l’effort qui les attend. Pendant ce temps, les minimes du club de foot du coin terminent leur match entrecoupé des coups de sifflet de leur entraîneur.
18h55 : Sans trop tarder, vous embrayez sur vos séries. D’un 10*400 à un 4*2000, dès le premier tour de piste, vous sentez que la fin sera difficile. Dès le premier tour de piste, vous enviez ces gamins qui jouent au football pendant que vous meurtrissez votre corps. Dès le premier tour de piste, vous vous demandez déjà ce que vous faîtes là à tourner comme un hamster sur une boucle de 400 mètres.
19h10 : Passé ces premières minutes difficiles, vous enchaînez les séries. Les muscles commencent déjà à devenir durs, le cardio est déjà haut et le souffle haletant. Un gamin traverse la piste pour aller chercher le ballon qui est sorti du terrain sans se préoccuper de se qui se passe sur la piste. De justesse vous réussissez à l’éviter. Et bien qu’il vous reste encore un tiers de la séance à effectuer, vous vous demandez pourquoi vous vous imposez tant de souffrance.
19h20 : La fin des séries approchent. Vous êtes dans le dur et vous attendez avec impatience les derniers tours de piste. La foulée devient lourde, votre cœur vous supplie d’arrêter de le martyriser. Malgré la douleur, vous restez concentré et gardez les yeux rivés sur votre chrono pour vérifier que vous ne faiblissez pas. Dernier tour de piste. Inconsciemment vous accélérez pour mettre fin à la torture et pour vous assurer que la dernière série est bien aussi rapide que la première. Sous les yeux du coach et une fois la ligne d’arrivée passée, vous ralentissez subitement l’allure, content d’en finir.
19h25 : Avec la satisfaction du devoir accompli, vous prenez le temps de retrouver vos esprits. Vous faites quelques tours à faible vitesse pour récupérer. Entre temps, les gamins qui jouaient au football ont quitté le terrain, vous en profitez alors pour trottiner sur la pelouse afin de préserver vos articulations. Le cardio redescend doucement, les gouttes de transpiration finissent de couler le long de votre front. Vous terminez votre séance par quelques étirements sur la barrière blanche qui entoure la piste. Simultanément, vous échangez quelques mots avec vos collègues de club et votre coach sur vos prochaines échéances.
19h35 : Le gardien du stade éteint les projecteurs les uns après les autres, vous faisant comprendre qu’il est désormais temps de rentrer à la maison. Vous avez les mollets durs et des petit yeux. Assurément la séance a été bénéfique. Assurément vous dormirez bien ce soir…