Ce samedi 13 juin avait lieu la cyclosportive des 3 Ballons. 213 kilomètres et 4300 mètres de D+ au programme, une distance et un dénivelé que je découvrais pour la première fois. Avec une préparation que j’ai préférée axer sur la qualité plutôt que sur la quantité, je me présentais au départ sans réellement savoir comment aborder la course.

Les jours précédents, je veille à bien manger pour faire le plein. Tout est bon à prendre, j’expérimente une alimentation nouvelle la veille de la course :  du fromage de chèvre entouré de lard fumé qui me vaudra sur le coup un sérieux mal au ventre et que je regretterai le lendemain.

Chèvre au lard

Partis à quatre de Paris, nous logeons à une trentaine de kilomètres du lieu du départ dans un très luxueux hotêl Ibis budget avec tout le charme qui va avec : sa chambre de 9m2, sa vue imprenable sur un supermarché lidl et sa douche grand luxe au pommeau lumineux.

Douche Ibis Budget

Arrivée en fin d’après-midi et après être allé chercher nos dossards sur le lieu du départ, nous en profitons pour préparer nos vélos.

Vélo les 3 ballons

Préparation les 3 ballons

La soirée de veille de course est relativement courte : une pizza, une bière, un épisode de Koh Lanta avant de partir nous coucher pour un réveil prévu le lendemain aux alentours de 5 heures.

La course

Il est 7h00 du matin en ce samedi, l’atmosphère est lourde et humide après les orages de la nuit. Nous sommes près de 4000 cyclistes au départ près à en découdre avec deux parcours (le L 213 km et le M 105km) au milieu du parc naturel des Vosges. Je suis surpris par le nombre de belges présents sur la course. Il est même difficile de trouver quelqu’un qui parle la langue de Molières dans le SAS de départ.

Départ 3 ballons 2015

SAS préférentiel les 3 ballons

Le départ est donné depuis Luxeuil-les-Bains à 7h15 tout juste. Je me dis que pour arriver au bout des ces 7h30 à 8 heures d’effort, il faut veiller à ne pas trop puiser dans ses réserves dans les montées. La FTP sera la valeur à ne pas dépasser, quitte à sauter et rapidement perdre les premiers de vue. La course est longue, l’important est de rester humble au moins sur les deux premiers tiers, on verra pour la suite.

A peine le départ donné que la tête de course est déjà loin devant. Mal placé dans le SAS préférentiel, je reste dans les roues mais il m’est impossible de remonter près de 300 concurrents.

Peu après le kilomètre 20, nous abordons alors la première difficulté qu’est le col des Chevrères, avec un long passage de 3 kilomètres entre 10 et 15%. Autant vous dire que la consigne des watts à ne pas dépasser n’est pas du tout respectée. Je me retrouve dans le rouge écarlate, collé à la route (mon compteur Garmin me nargue même en se mettant en auto pause  😕 ). Ce qui me rassure, c’est que je ne suis pas le seul dans le dur. J’en profite pour doubler de nombreux concurrents et mieux me placer dans la course. Un bien pour un mal…

Dans les kilomètres suivants je me retrouve alors dans un groupe avec lequel je vais monter le ballon d’Alsace. La pente étant plus faible (5 à 6%), la gestion au capteur de puissance est beaucoup plus facile. La montée se fait au train et certains coureurs lâchent prise au fil des kilomètres. Bien que nous montions le col par un autre versant que lors du triathlon de Belfort 2013, je reconnais l’endroit et la route qui nous amène vers Sewen.

C’est finalement avec ce qu’il reste de ce groupe que nous redescendons dans la vallée. Au vue des conditions humides, la plupart des autres coureurs restent prudents. Malgré cela et comme les routes sont parfois mauvaises, je vois des cyclistes au sol (et je ne compte pas le nombre de crevaisons vues au fil du parcours). Rien de grave pour eux j’espère, je me dis néanmoins que si j’arrive au bout sans chute ni crevaison, la bonne étoile du vélo veille sur moi.

Après un court arrêt à un feu rouge et bloqué par la circulation, nous arrivons au pied du Grand Ballon. Rapidement dans la montée de ce deuxième col, je prends la tête du groupe qui se délie totalement. D’un coup je me retrouve tout seul et reprends au fur et à mesure des 16 kilomètres de grimpette des coureurs lâchés par les premiers groupes de la course. Autant vous dire que malgré mes presque 80 kilogrammes, j’ai l’impression d’être un grimpeur. A croire que les Belges et autres flamands que je double boivent encore plus de bière que moi.

Bide à bière

La fin de cette principale difficulté se fait dans le brouillard, je suis alors complètement sec et mal hydraté. Je rejoins dans le dernier kilomètre un coureur de l’équipe Scott Vélo 101 qui semble être dans le même état de décomposition que moi. Nous profitons du ravitaillement proposé par l’organisation pour refaire le plein d’eau et de nourriture. J’évite néanmoins le camembert disposé sur la table en temps de ravitaillement salé, le fromage de chèvre de la veille m’a largement suffit. Dans la descente qui suit (qui se fait dans les nuages et le vent), je reprends mes esprits, mange, et me fait doubler par 5 belges que j’avais repris auparavant.

Grand Ballon dans la brume

Juste le temps de récupérer (encore merci à mon compagnon de galère du team Scott Vélo 101 de m’avoir emmené dans la vallée et laissé le temps de manger mon sandwich préparé expressément au ravitaillement) que se profile le col d’Oderen. Avec le statut de grimpeur qui me fait pousser des ailes, je rejoins mes amis belges avec qui nous irons ensemble jusqu’au bout.

Nous sommes alors aux alentours du 180ème kilomètre. Encore un peu plus d’une heure de course à prévoir. Sauf que dans cette dernière heure, nous parcourons la route des crêtes qui ressemble à une succession de rampe avec des passages à 18%. Autant sur un parcours comme le triathlon de Deauville, une telle montée passe relativement bien après seulement quelques kilomètres, mais quand vous avez presque 190 kilomètres dans les jambes c’est une autre paire de manche. Il faut serrer les dents, éviter les crampes et accepter de souffrir. C’est ça aussi le vélo, et c’est pour ça qu’on l’aime. Relativisons néanmoins, tout le monde est à la même enseigne dans cette situation de souffrance.

Une fois ces dernières difficultés passées, il reste alors une vingtaine de kilomètres. Ayant passé le premier du groupe ces derniers raidillons, j’attends les autres coureurs restés derrière pour finir dans les roues. Nous ne sommes alors plus qu’une petite dizaine, je veille à ne pas prendre de relais et me fait rapidement remettre à l’ordre en flamand (vous savez, la langue aux sonorités désagréables en “grrr” et “rrrf”) par un des belges du groupe. Pour éviter tout conflit je fais à contrecoeur mon devoir et participe à l’effort collectif en prenant quelques relais dans ce groupe. Néanmoins sur le dernier kilomètre je me planque dans les roues, accélère dans les derniers 400 mètres et grille de quelques mètres mon pote belge au jeu de la pédale, question de fierté.

Je finis à la 73ème place/2378 (27ème de ma catégorie et 9ème français au scratch), bouclant les 216 kilomètres que j’ai au compteur en un peu plus de 7h10, pauses comprises.

Debriefing

D’un point de vue de l’épreuve, que dire de plus si ce n’est qu’elle reste difficile ? Que l’organisation, du retrait des dossard au repas de l’arrivée est très bonne, que les paysages sont magnifiques, que l’ambiance Vosgienne a son charme et que finalement ces conditions humides et brumeuses en haut des cols font également parties de la course.

Repas arrivée les 3 ballons

Ensuite d’un point de vue performance je suis satisfait de voir que l’entraînement en qualité a payé. N’ayant jamais fait de sortie de plus de 5h30, je ne savais pas trop à quoi m’attendre au delà de 160/170 kilomètres, finalement je n’ai pas eu le coup de mou escompté ni de fringale (avec tout ce que j’ai mangé la veille, ça m’aurait semblé étonnant  😮 ).

Voilà donc une bonne mise en jambe un peu plus d’un mois avant l’étape du tour, place désormais à quelques jours de récupération afin de poursuivre la suite de la saison.