Depuis ma sortie de l’hôpital, je me traîne tel un infirme avec deux béquilles. Tous ceux qui ont subi la dure loi des béquilles doivent le savoir, ces deux tiges d’aluminium surmontées d’un repose bras en plastique sont une véritable torture.

Heureux celui qui mettra aux mains du grand public la béquille qui tient debout toute seule ! Parce que ces satanés cannes ont la fâcheuse tendance de tout le temps vouloir tomber et vous encombrent dès le moindre geste.

Néanmoins dans mon malheur, il m’est arrivé des choses qu’il ne m’était encore jamais arrivées dans la vie :

  • Des personnes qui m’ouvrent et me tiennent la porte.
  • Des automobilistes qui s’arrêtent et patientent le temps que je traverse la chaussée.
  • Des personnes qui me proposent de passer devant eux à la caisse du supermarché.
  • Des personnes qui me laissent leur place assise dans le métro.

Béquilles

Bien évidemment et n’acceptant pas cette forme de handicap, je refusais (dans les deux derniers cas) poliment. Néanmoins cette expérience d’infirme m’a permis de me mettre dans la situation de personnes dont le handicap est leur quotidien.

Auparavant, j’avais plutôt de la compassion. Mais désormais, je leur vous un profond respect. Un handicap, de quelque nature qu’il soit est un combat dans la vie de tous les jours. De nombreuses choses “banales” deviennent très compliquées, voir impossible. Je ne citerai que :

  • Faire ses courses au supermarché.
  • Monter et descendre les escaliers du métro.
  • Porter le moindre objet lorsque vous deux mains sont prises par les béquilles.
  • Essayer un pantalon dans une cabine d’essayage.
  • Pousser une porte un peu trop lourde.
  • Courir après le bus…

Béquilles dans le Bus

Au delà de ça, dès qu’on s’éloigne de chez soi, on se sent comme faible et à la merci des éléments extérieurs. C’est anodin, mais le moindre obstacle sur la route, aussi minime qu’il soit, peut vous mettre par terre.

Que dire des flux de piétons pressés qui ne font pas attention à vous. Je comprends désormais les personnes âgées qui rechignent à sortir de chez elle par peur de la chute ou par peur de se faire bousculer. Et le métro aux heures de pointe, je n’en parle même pas. Même pas la peine d’essayer pour se dire que c’est du suicide.