Le choix entre pneus et boyaux est une question que se posent bon nombre de cyclistes et de triathlètes. Alors que 90% des professionnels roulent avec des boyaux, que certains parlent de la complexité « logistique » de rouler avec des boyaux tandis que les autres ne jurent que par les performances et les sensations qu’ils procurent, je vais essayer d’apporter ma pierre à l’édifice.
Préambule
Les pneus ou les boyaux sont les seuls points de contact qui séparent le cycliste et son vélo de la route. Leur importance est capitale et est trop souvent sous-estimée. Possesseur de roues à pneus et de roues en carbone, j’ai eu la chance de pouvoir comparer les deux types de montage. En abordant les aspects performance, pratique et économique, je vais partager mon expérience sur ce sujet à débat.
La performance au roulage
Si 90% des professionnels roulent avec des boyaux, leur performance accrue n’y est pas pour rien. En effet, le confort des boyaux est bien meilleur que celui des pneus. Le contact avec le bitume offre des sensations de roulage et de contrôle bien plus intéressantes que les pneus.
Acceptant une pression de gonflage plus importante, la surface de contact des boyaux avec le sol se fait plus réduite, et par conséquent permet de diminuer la résistance au roulement.
En ce qui concerne le poids (critère de référence pour beaucoup), on aurait tendance à privilégier le boyau. Attention, car le poids d’un boyau se rapproche très fortement du poids d’un pneu et d’une chambre à air. En fait, la différence se fait surtout au niveau des roues en elles-mêmes : des roues tout carbone à boyaux sont de façon inhérentes plus légères que des roues à pneus (qui sont obligatoirement dotées d’un cercle aluminium). C’est donc bien l’ensemble roues carbones + boyaux qui va se montrer plus léger que l’association roue à pneus + pneus, et non comparatif seul des boyaux avec les pneus.
La performance au freinage
Pour ce qui est du freinage, la conclusion est relativement simple : on freine très mal sur des jantes en carbone. Et sous la pluie, je ne vous en parle même pas ! L’avantage va très clairement aux roues à pneus, qui offrent une qualité de freinage bien plus intéressante que des roues tout carbone. La qualité des gommes des patins ayant un rôle très important, même avec des patins haut de gamme (Reynolds, Mavic…), la qualité et l’assurance en descente que peut donner le freinage sur des roues à pneus est difficile à atteindre.
L’aspect pratique
Il s’agit là d’un frein pour beaucoup. J’ai moi-même longtemps hésité avant d’acquérir des roues à boyaux : Comment faire en cas de crevaison ? Quel matériel emporter en compétition pour réparer ? Comment encoller un boyau ? Et j’en passe.
Il faut bien avouer que c’est surtout la peur de l’inconnu qui joue dans de tels cas. Réparer une crevaison de boyau n’est pas plus compliquée que réparer celle d’une chambre à air si on s’est au préalable bien préparé. Et on peut même dire que remplacer un boyau par un autre est plus rapide que changer une chambre à air ! Le tout est de bien avoir prévu son coup en préparant un boyau de secours ou en s’équipant d’une bombe de réparation type « Pit Stop » (je reviendrai sur le sujet dans un prochain article).
Cependant, le point négatif des boyaux est le premier encollage : préparer la jante, détendre et faire sécher le boyau, et pour finir bien coller le boyau prend plus de temps que le simple montage de l’association chambre à air/pneu. Un boyau neuf ne se monte pas « à l’arrache » ni au dernier moment, il y a donc un aspect anticipation à prendre en ligne de compte.
Sur ce point, l’avantage global va au pneu classique, qui d’un point de vue « logistique » restera plus pratique pour celui qui ne veut pas trop s’embêter avec tout ce qui est préparation des boyaux, encollage, nettoyage de la jante…
L’aspect économique
Le budget est un point non négligeable pour beaucoup d’entres nous. Le prix d’un boyau étant compris entre 20€ (pour des boyaux entrée de gamme peu performant) entre plus de 100€, le coût d’une crevaison peut très vite devenir élevé. On peut néanmoins réparer un boyau, où le faire faire par un spécialiste pour une dizaine d’euros.
Cependant, comparons ce qui est comparable : un boyau milieu de gamme (type Continental Sprinter) avoisine les 40€ – trouvez le meilleur prix actuel pour le Continental Sprinter sur amazon . Un pneu milieu de gamme se monte à environ 25€, auquel il faut ajouter une petite huitaine d’euros pour la chambre à air. Le calcul est relativement simple :
- Boyau milieu de gamme : environ 40€ sur amazon
- Pneus milieu de gamme + Chambre : environ 33€
Un boyau haut de gamme (Continental Competition par exemple) s’achètera plutôt aux alentours de 100€, contre une cinquantaine d’euros pour un pneu haut de gamme.
La différence dans ce second cas est plus conséquente et risque d’en freiner plus d’un.
De ce point de vue, l’avantage revient donc également aux roues à pneus qui, dans leurs ensembles permettront d’alléger le budget global des pneumatiques.
Conclusion
Il est donc difficile d’avoir un avis tranché sur la question des pneumatiques. Chaque technologie apporte son lot d’avantages et d’inconvénients.
Pour celui qui veut avant tout ne pas trop s’embêter avec la question des pneumatiques et qui cherche le meilleur rapport prix/performance, la solution des pneus sera la plus propice. Tandis que celui qui cherchera la performance optimum, et pour qui le budget reste un critère secondaire pourra privilégier des roues haut de gamme à boyaux.
Il est cependant important, pour se dernier, de conserver une paire de roue à pneus afin de rouler dans les mauvaises conditions (l’hiver, sous la pluie…) et ne pas user prématurément ses jantes en carbone.
Bel exposé mais je rajouterais que celui qui n’a jamais roulé avec des boyaux, n’a jamais roulé 🙂
En fait, une fois que tu sais faire, le boyaux et beaucoupp plus simple d’utilisation et même si il faut en changer en course, cela va plus vite si il n’est pas encollé avec 3 tonnes de glue (Cf la colére de Stadler à Hawaïï ou Kienle cette année). A Barcelone, j’ai crevé de l’avant et en moins de 5 minutes, j’étais reparti avec un boyau parfaitement remonté et réaligné.
C’est l’experience qui fait la différence 😉
Bonjour et merci pour cet article. Toutefois tu ne semble pas parler des jantes “full carbon” à pneus dans ton exposé, qui sont de plus en plus courantes, et surtout accessibles et performantes, la légèreté est vraiment là, même si l’inconvénient lié au freinage reste présent.
Je ne nie pas l’avatange certain des boyaux à un certain niveau en particulier professionnel, mais franchement une jante carbon + un pneu haut de gamme + un chambre à air “light” me semble d’un rapport qualité/prix vraiment exceptionnel quand même.
La jante carbone à pneus est en effet un excellent compromis pour celui qui souhaite rester avec des pneus. Par contre, je ne suis pas sur que l’ensemble soit moins chère : une jante à pneu est généralement plus cher qu’une jante à boyau, et l’ensemble caa+pneu est sensiblement équivalent en terme de rapport qualité prix qu’un boyau. L’avantage reste indéniable pour l’aspect “logistique” par contre.