A l’heure de choisir les épreuves sur lesquelles m’inscrire pour la saison 2013/2014, j’ai très longtemps hésité à m’aligner sur un Ironman (3,8/180/42).
Après l’excellente organisation de l’Ironman 70.3 du Pays d’Aix, mon choix s’est naturellement porté sur l’Ironman de Nice 2014. Visite du site de l’épreuve, remplissage des champs de renseignements, jusqu’au moment de rentrer mon numéro de carte bleue.
Je réfléchis un moment, pour finalement cliquer sur la petite croix en haut à droite de mon navigateur et fermer la fenêtre.
Pourquoi un tel choix alors que l’Ironman est l’épreuve de référence pour bon nombre de triathlètes ?
Plusieurs raisons à cela :
477€ de frais d’inscription (450€ + 6% de frais de transaction), quasiment un demi-smic pour une journée d’effort, je veux bien que le triathlon soit un sport élitiste, mais de là à débourser une telle somme, il y a des limites. 477€, ce n’est pas ce qui me condamnerait à manger des pâtes pendant un an, mais c’est rentrer un peu plus encore dans la spirale marketing de la World Triathlon Company.
S’inscrire à un Ironman, c’est pour la majorité des amateurs se limiter à une (voir deux) épreuve(s) annuelle(s) : des heures et des heures d’entraînements pour ne finalement n’accrocher que peu de dossard dans l’année. C’est se brider au niveau des compétitions, alors que ces dernières restent probablement la finalité de notre sport et la source de tous nos efforts. Je ne dis pas que je suis un grand compétiteur, mais amputer toute une partie de la saison pour UN objectif est trop pénalisant à mon goût.
Rater un Ironman ne tient à pas grand-chose. Imaginez-vous vous préparer pendant 6 mois spécifiquement pour cette épreuve, à raison d’une moyenne de 15 heures d’entraînement hebdomadaire, et la veille de la compétition, vous attrapez une gastro (du genre celle qui vous clou au lit et vous vide de toutes vos tripes) réduisant à néant les chances de finir l’épreuve. Déjà qu’abandonner c’est dur, mais en plus abandonner sur l’Objectif de l’année, c’est un sérieux coup de massue dans la carrière d’un sportif amateur.
Un Ironman est une épreuve longue. Et qui dit long dit diésélisation et difficulté de revenir sur du plus court. Passer des heures et des heures à 60% de PMA, ou 70% de FCM c’est bien beau, mais le jour où il faudra cravacher à 95% de FCM sur un 10 kilomètres ou envoyer les watts pour rester dans les roues d’un peloton cycliste, je n’imagine pas la sanction. S’engager sur un Ironman (quand je parle d’engagement, je parle plus d’un projet de 6/8 mois que d’une épreuve isolée), c’est à mon sens comme un aller sans retour sur des épreuves plus courtes.
Ne me faîtes pas dire ce que je ne dis pas. Un Ironman, pourquoi pas, mais pas tout de suite. Se contraindre pendant plus d’une demie année à au moins 15 heures d’entraînement par semaine (là encore, je ne dis pas que je ne les fais pas, mais je ne les fais pas sous la contrainte de l’objectif et avant tout pour le plaisir) et faire des kilomètres et des kilomètres d’endurance à moins de 30 ans, ça me donne l’impression d’être vieux avant l’âge.
Bien que ce soit une magnifique épreuve et probablement une aventure unique, je ne ferai pas d’Ironman en 2014. Peut-être la peur du dépassement de soi et de l’échec, peut-être le manque de courage ou peut-être la peur d’être condamné à ne faire plus que ce type de distance. Je ne m’alignerai donc au mieux que sur la moitié de la distance reine, le Half Ironman 70.3. Ce format permet encore de garder une once de vitesse, reste à mon sens moins pénalisant dans la planification d’une saison et permet encore d’y être performant sans que l’entraînement ne se transforme en contrainte et en obligation.
Mais comme on le dit si bien, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, on en reparlera donc dans un an.
Le format 70.3 est bien sympa.. tu peux finir même si tu n’as pas fait une croix sur ta vie perso et tu peux aller vite comme tu dis si tu t’y prépares bien (comme toi à Aix :D)
C’est une excellente rationnalisation, Pierre ! juste 3 choses sur fond d’émotions. Un Ironman est l’épreuve sacrée de tout triathlète. Au fond de toi, tu sais que c’est ton destin d’ailleurs, tu es allé sur la page ppour t’inscrire 😉 Ensuite, tu l’as d’ailleurs évoqué, c’est une aventure. Et si la préparation et le temps pré-épreuve est partagé en équipe, çà devient aussi une avneture collective et humaine, source de souvenirs inoubliables. Enfin, finir l’Ironman sur la croisette avec la foule qui t’applaudit, tu ressentiras ce que ressent toute rock star à Wembley : tu seras un dieu 😉
Joli billet et très intéressant pour un athlète qui a déjà cumulé 13500 km de vélo et plus 2000 bornes à pied sur l’année passée… A titre de comparaison, j’ai pris le risque de m’aligner sur mon premier IM avec une impossibilité de m’entrainer régulièrement, et en plein changement familial… bref, je suis arrivé sur la ligne de départ avec moins de 1000km de vélo au compteur et trop peu de distance pédestre. Ca ne m’a pas empêché de finir. C’est tout ce qui comptait. Le chrono est rapidement devenu dérisoire pour ne pas dire risible (13h) mais c’était la sanction prévue. Je crois que l’un des plus gros défis de l’IM est de se présenter en forme, sans maladie ni traumatisme physique sur la ligne de départ. Tu l’as parfaitement analysé. Cela t’a même probablement refroidi un peu trop… Qu’importe, ta conclusion est bonne : tu as tout ton temps pour le faire…
Si je peux me permettre une suggestion : le jour où tu voudras tenter l’aventure, va à Roth en Allemagne. C’est moins cher que le label IM et… c’est mieux ! 😉
Effectivement, arrivé sans être blessé au départ de l’Ironman doit probablement être la chose la plus difficile à gérer au vue de la charge d’entraînement qu’il faut s’envoyer pour arriver prêt !
T’as bien du comprendre que c’est le genre d’épreuve sur laquelle j’aimerais arriver en forme, et ce n’est pas évident de conjuguer tout cela avec vie personnelle et vie professionnelle.
J’ai effectivement bien le temps : 2 ans que je fais du triathlon, chaque chose en son temps : Tout arrive à point nommé pour qui sait attendre 🙂
Salut Pierre!
Un passage m’interpelle particulièrement dans ton post:
“Un Ironman est une épreuve longue. Et qui dit long dit diésélisation et difficulté de revenir sur du plus court. Passer des heures et des heures à 60% de PMA, ou 70% de FCM c’est bien beau, mais le jour où il faudra cravacher à 95% de FCM sur un 10 kilomètres ou envoyer les watts pour rester dans les roues d’un peloton cycliste, je n’imagine pas la sanction. S’engager sur un Ironman (quand je parle d’engagement, je parle plus d’un projet de 6/8 mois que d’une épreuve isolée), c’est à mon sens comme un aller sans retour sur des épreuves plus courtes.”
Je veux juste témoigner que l’effet diésélisation n’est pas une fatalité, que l’on peut s’aligner sur IM et faire très bonne figure sur une montée chrono de 5km et sur CD 3 ou 4 semaines après, moyennant quelques séances de remise en rythme…..c’est du vécu 😉
Enfin, 6/8 mois pour se préparer spécifiquement à performer sur IM ne sont pas non plus une fatalité. 12 semaines bien conduites peuvent suffire.
Sportivement.
Michel
Par contre les séances de remise en rythme doivent très certainement piquées au début non ? 🙂
12 semaines pour préparer un IM, oui s’il s’agit de 12 semaines spécifiques et qui demandent un bon passé sportif ou un bon entraînement foncier préalable.
Mouais, d’accord pour le prix, Nice est très cher, mais se faire sponsoriser par sa boite et servir d’exemple pour ses valeurs sportives etc.. etc… est une solution, en plus tu risques de te faire par la comm’ interne (du vécu). Pour le reste c’est quand même une expérience sympa et nul besoin d’un entrainement spécifique pour y arriver. 15h00 par semaine est une blague pour toi non ?
L’Ironman c’est le Graal de de tout triathlète, dire le contraire est mensonger.
Ceci étant dit c’est vrai que c’est fatiguant et un peu flippant aussi bien en terme de préparation que de compétition.
Mais pu…. Le faire et le finir quel pied !
C’est une façon de voir les choses. J’ai pris le parti de ne pas considérer l’IM comme ce fameux “Graal”, peut-être que ça viendra avec l’âge 🙂
Hello mr Pierre M,
Alors après plusieurs années, as tu résisté ou craquer à la.appel de la WTC et DE sa fameuse finish Line?
Avec l’arrivée de l’entraînement polarisé, tu as dû comprendre que ton aller n’était surtout pas sans retour vers les tri S ou M!!
Hâte de lire ton retour sur la question!!!
Sisi, j’ai passé le pas en 2015, plus comme une revanche sur un début de saison compliqué : https://le-triple-effort.fr/embrunman-2015/ 🙂