Voilà près de 8 mois que je m’entraîne avec un capteur de puissance et que j’ai enfin mieux compris la nature de l’effort cycliste.

Car au delà d’être un sport cardiaque, le cyclisme et avant tout un sport musculaire. Je m’explique. Lorsque vous appuierez sur les pédales, il se passera dans l’ordre :

  • Le développement d’une puissance.
  • L’apparition de douleurs dans les cuisses.
  • La hausse de la fréquence cardiaque.

Explication

Les contractions musculaires vont engendrer la formation de lactates qui vont se fixer sur les muscles et créer la douleur et simultanément, le coeur va accélérer afin de fournir aux muscles la vascularisation nécessaire .

La hausse de la fréquence cardiaque est donc une réponse à la demande musculaire. On peut également noter que le cœur a une certaine inertie qui fait que les battements ne vont pas augmenter instantanément mais vont avoir un certain retard sur le ressenti de l’effort. De la même façon, les pulsations redescendront beaucoup moins vite que la puissance. Il n’y a qu’à voir lorsque vous coupez complètement votre effort (ce qui équivaut à développer une puissance nulle), vos battements cardiaques ne redescendront que lentement après.

L’évolution de ces 3 paramètres est représentée sur le graphique ci-dessous :

Graphique Puissance Effort FC

De la même façon, le cœur restera plus haut en terme de pulsation suite à une augmentation temporaire de la puissance développée, comme cela est décrit sur le graphique suivant :

Graphique Puissance FC

L’organe cardiaque a également une certaine variabilité, notamment en fonction de l’état de fatigue, de l’entraînement, des conditions de chaleur, qui font qu’il peut battre plus ou moins vite pour une même puissance donnée.

C’est pourquoi, il me semble trompeur de baser uniquement son entrainement sur la fréquence cardiaque et la gestion au capteur de puissance (représentatif de l’effort musculaire) semble bien plus pertinente.

Analyse comparative sur deux entraînements

Dans cette démarche, j’ai analysé la répartition de la puissance et de la fréquence cardiaque dans les différentes zones de travail sur deux entraînements (zones basées sur une estimation de la FTP et de la FCM).

Entraînement 1

Les données récupérées grâce à Strava Premium sont les suivantes :

FC Training 1 Puissance Training 1

Entraînement 2

FC Training 2 Puissance Training 2

En faisant une analogie du temps passé dans chacune des zones (en se basant sur les 4 zones communes qu’on retrouve dans les deux cas), on obtient le résultat suivant :

Analyse comparative FC Puissance

Graphique comparatif FC Puissance

On voit bien que les disparités entre temps passés dans les zones de fréquence cardiaque et de puissance sont importantes. Deux points sont tout particulièrement remarquables :

  • La différence est la plus grande dans la zone Tempo (33% et 30% contre 18%).
  • La fréquence cardiaque ne monte quasiment pas dans la zone Anaérobie (1 et 0%), alors que la puissance y monte bien (6% dans les deux cas).

A contrario, les temps passés dans les zones endurance et seuils sont plus cohérents.

Conclusion

Cette analyse montre bien que baser uniquement son entraînement sur la fréquence cardiaque peut être piégeux. Néanmoins, sur des efforts longs et réguliers (type épreuves de triathlon sans drafting ou des montées de cols…) là où la prise sur les pédales est continue, la correspondance entre les zones est beaucoup plus cohérentes. Et sur ce type d’exercice, le travail sur la fréquence cardiaque semble alors être plus fiable.

A l’extrême, des efforts de type criterium de vélo en sont à l’opposé. Dans les faits, la fréquence cardiaque reste très haute pendant toute l’épreuve (dans la zone Threshold) tandis que la puissance fait le yoyo entre la zone anaérobie (lors des relances) et la zone Récupération (lors des phases de décélération à l’amorce des virages).