Aujourd’hui, Look est mondialement connu pour ses pédales qui équipent une grande partie des pelotons professionnelles, pour ses vélos et ses textiles. Mais c’est également une des sociétés les plus innovantes depuis 30 ans sur le marché du cyclisme, consacrant près de 10% de son chiffre d’affaire dans la recherche. Vélo de contre-la-montre phare de l’entreprise Nivernaise, le 796 Monoblade rentre pleinement dans cette logique de développement technologique.
Sortie en 2015, il est, après des années de recherche et de développement le fier successeur du 596. Il est un concentré de technologie, tant au niveau du cadre que des périphériques qui le composent. Passage en revue de ce vélo d’exception.
Le Look 796 Monoblade en détails
Le Look 796 Monoblade est proposé en plusieurs configurations. Le vélo essayé avait les caractéristiques suivantes :
- Cadre : carbone HM, IM et HR 1.5K
- Fourche : carbone Look 796 Monoblade frein intégré
- Dérailleurs : Shimano Ultegra Di2
- Leviers : Shimano Ultegra Di2
- Cassette : Shimano Ultegra – 11/25 dents
- Pédalier : Look Zed 3 – 52/39 dents
- Pédales : Look Kéo Blade
- Freins : Look Aerobrake 2 à l’avant et Shimano Dura-Ace Direct Mount à l’arrière
- Roues : Mavic Cosmic CXR 80
- Cintre : Look Aeroflat
- Potence : Look Aeroflat
- Selle : Fi’zik Tritone
- Tige de selle : Look Aeropost
On notera la prédominance des périphériques Look, notamment au niveau du poste de pilotage. Cette construction du vélo permet d’avoir une intégration totale. Pas un câble ne dépasse au niveau du poste de pilotage :
Look a poussé cette intégration au niveau des freins : le frein avant est intégré dans la fourche tandis que le frein arrière est situé sous le boitier de pédalier. C’est d’ailleurs à ce niveau qu’on trouve la seule gaine apparente du vélo. Notons néanmoins que pour favoriser cette intégration complète, le vélo est prévu uniquement pour un montage sur la base d’une transmission électrique. Il ne sera donc pas possible d’y adapter une transmission à câble classique.
Contrairement à certaines marques qui ont pris le parti de développer un vélo de contre-la-montre spécialement dédié à la pratique du triathlon (je pense notamment à Cervelo), Look a décidé de développer un vélo conforme aux normes UCI et destiné tant aux triathlètes qu’aux cyclistes. A ce titre, il est déjà utilisé par certaines équipes cycliste ssur les courses de contre-la-montre.
Une recherche toute particulière a été effectuée sur le cadre et sa géométrie au niveau de l’aérodynamisme : les diamètres de douille ou des tubes ont été retravaillés dans le but précis de l’optimisation du coefficient de frottement. Même l’impact du mouvement des roues sur le cadre a été pris en compte lors de la conception du vélo.
L’aérodynamisme étant une chose, le confort et l’adaptabilité une autre. Les concepteurs du vélo ont pensé à la configuration du poste de pilotage, avec au total 25 combinaisons possibles permettant d’adapter le cintre à l’ensemble des positions d’athlètes.
Le même travail de modularité a été effectué au niveau de la selle avec une large possibilité de réglage :
Le 796 Monoblade est équipé du pédalier ZED 3 propre à la marque française. Pédalier monobloc carbone, il est là encore disponible en plusieurs longueurs de manivelle, de 155mm à 175mm afin de permettre une configuration totale du vélo.
Enfin, le vélo est pesé à 8,8 kilogrammes en taille M. Autant dire que pour un vélo de contre-la-montre, on pourra le classer dans la tranche basse.
Le 796 Monoblade sur la route
Dès les premiers tours de manivelle, le 796 Monoblade montre tout son potentiel. Il accélère au moindre coup de pédale. Très rigide mais aussi très tolérant : en fin de sortie ou lorsque la forme n’est pas au rendez-vous, il continue à transformer chacun de vos coups de pédale en accélération.
La réactivité du vélo est particulièrement étonnante. Là où les contre-la-montres sont parfois patauds et peu enclins aux relances, le 796 est au contraire un modèle de dynamisme. Et ce d’autant que les roues de 80mm ne lui facilite pas la tâche. Habitué à mon Argon 18 – E118 qui m’a toujours laissé une impression d’inertie importante au démarrage ou en relance et qui me laisse un goût amère les jours où la forme n’y est pas, le 796 est quant à lui beaucoup plus tolérant.
Les roues Mavic CXR 80 à boyaux accompagnent parfaitement bien ce vélo sur les terrains plats et légèrement vallonnés. L’entreprise de roues française a tout particulièrement développé l’aérodynamisme en intégrant une sorte de flasque permettant de combler l’espace entre le boyau et la jante afin d’optimiser le profil de l’ensemble en rotation.
A pleine vitesse, les performances et le ressenti se rapprochent bien plus de ce que j’ai l’habitude de connaître. Une fois lancé, l’aérodynamisme et les roues hautes permettent une excellente conservation de la vitesse.
Le vélo est également très confortable. Malgré un cadre de taille légèrement petite, les réglages de potence, cintre et selle ont permis de retrouver les cotes habituelles et d’assurer la position que j’ai pour habitude de tenir en contre-la-montre. Bien que la taille de cadre inférieur et que ce type de réglage jouent plutôt en défaveur du confort, cela ne s’est pas particulièrement fait ressentir lors de cet essai.
La transmission Shimano Ultegra di2 reste très précise et assure un changement de vitesse fluide. Fini la chaîne qui craque, fini les passages de vitesses approximatifs, fini la chaîne qui frotte la fourchette du dérailleur avant. Les dérailleurs s’ajustent automatiquement. L’avantage de ce groupe électrique et également de proposer les boutons de changement de vitesse à la fois sur les manettes et en bout de prolongateurs. Ce montage permet de changer aisément les vitesses qu’on soit allongé sur les prolongateurs, en danseuse ou dans une montée de col, là où une transmission à câble demandera d’aller chercher le bout des extensions pour changer de développement.
Dans les bosses et malgré les roues à haut profils, le vélo passera également très bien sur des pentes n’excédant pas les 6 ou 7%. Sur des profils plus montagneux, il sera judicieux de passer sur des roues à profils plus bas qui permettront de rendre le vélo plus polyvalent.
L’utilisation est une chose, l’entretien et la maintenance une autre. Je ne vous cache pas que malgré le plaisir que je prend à bricoler et régler mes vélos, ce 796 m’a effrayé. Tant l’intégration complète du poste de pilotage que la transmission électrique, le montage/démontage/réglage du vélo semble délicat. Bien sur qu’avec le temps, ce sont des choses qui s’acquièrent. Mais s’aventurer dans le réglage de ce type de matériel fait à première vue peur.
Conclusion
Que dire si ce n’est que rouler sur ce Look 796 Monoblade est un pur moment de plaisir. Alors qu’on aurait pu s’attendre à un vélo élitiste, il se montre au final bien plus tolérant qu’on aurait pu l’imaginer. Il exprimera tout son potentiel sur des reliefs plats, sur des faux plats mais sans pour autant montrer ses limites dès que la pente s’élève. Du cadre au choix des roues en passant par la transmission, aucun détail n’est passé au travers des ingénieurs de chez Look qui ont exprimé à travers ce vélo tout leur savoir faire.
Vélo sans concession en terme de performance, il a bien sur un prix. Entre 9000€ et 13000€ selon le choix de configuration des roues et de la transmission. Un budget bien sur, mais à ce prix, on acquiert plus qu’un simple vélo. On acquiert un concentré de recherche et de technologie qui ne laissera personne indifférent.
Un rêve pour.moi qui possède un 596 et tu nous le vends bien 😉