Comme un pèlerinage, c’est la troisième année consécutive que je me rendais au triathlon LD de Deauville. Après une performance moyenne en 2013 puis une bonne performance en 2014, je souhaitais concrétiser tout cela cette année.

Triathlon de Deauville 2015

Malheureusement l’avenir en a décidé autrement cet hiver, me condamnant à une longue convalescence de 7 semaines avant une reprise en bonne et due forme dès le mois d’avril. Reprise en vélo et en natation oui, mais très fortement déconseillée en course à pied jusqu’au début du mois de juin. Ne souhaitant guère remettre en question la cicatrisation osseuse, je n’ai donc couru qu’un seul footing d’une heure depuis le 1er janvier et ce 5 jours avant l’épreuve. Vous concevrez que s’aligner sur un half ironman avec un objectif chronométrique dans ces conditions est un pur suicide ou tout du point un aller direct vers la blessure. Inscrit de longue date, j’ai néanmoins décidé de m’aligner sur la ligne de départ tout en sachant que je n’irai pas forcément au bout et que je ne franchirai peut-être jamais la ligne d’arrivée.

Autant vous dire qu’il n’est pas forcément évident de se présenter dans cet état d’esprit au départ, si ce n’est de se dire que participer à une telle épreuve peut toujours faire office d’entraînement. Ayant toujours une certaine envie de défi, je me suis donc fixé un objectif sur 2/3 de la course, à savoir réaliser un bon chrono sur le vélo et essayé de le poser dans les tous premiers. Pour ce qu’il resterait de la course à pied, je ferai en fonction des sensations sans viser quoi que ce soit et en envisageant un DNF.

Je conçois bien qu’il s’agit là d’un jeu complètement pipé. Peu importe, c’est le seul moyen que j’ai pu trouver pour me motiver à aller sur la ligne de départ, d’autant plus que le parcours à un profil qui me correspond bien.

La course

Nous voilà donc sous l’arche située sur la plage de Deauville. Comme à l’habitude je suis trop serré dans ma combinaison et déjà effrayé par la fraîcheur de la mer et cette horrible sensation de l’eau froide qui se glisse dans votre cou une fois que vous mettez la tête sous l’eau.

Le départ est donné à 12h30, nous sommes alors plusieurs centaines à nous lancer dans une mer houleuse (certes bien moins agitée que pour l’épreuve du CD du lendemain)… Pas très à l’aise en eau libre j’essaie de nager le plus droit possible tout en bénéficiant du courant de la marée montante. Je fais ce que je peux dans cette marée humaine. Comme d’habitude, les coups sont au rendez-vous, et je subis dès les premiers mètres. À mi-parcours après la sortie à l’australienne les écarts commencent à se faire, je nage alors plus sereinement sur le second tour. Je sors finalement de l’eau en 31 minutes aux alentours de la trentième place, plutôt satisfait à la vue de mon niveau en natation.

Après une transition très moyenne au cours de laquelle je peine à enlever ma combinaison, me voilà désormais sur le vélo. À peine le temps de tourner les jambes que se profile la côte de Saint Laurent et son passage à 19%. A vrai dire et depuis que j’ai découvert ce qu’était du 22% sur la cyclosportive La Look, ce pourcentage ne m’effraie plus spécialement et considère alors qu’il s’agit d’une bonne mise en jambe avant la suite.

Vélo triathlon de Deauville

Cette année le parcours a changé et est constitué de deux boucles de 41 kilomètres. Je me dis donc qu’il faut appuyer sur les manivelles, sans cesse relancer sur le plat et gérer les bosses sans trop se griller. J’envoie les watts dès les premiers kilomètres et jette régulièrement des coups d’oeil sur mon compteur afin de bien contrôler la puissance développée. Je suis clairement en sur régime mais c’est bel et bien l’objectif, sachant qu’une fois le vélo posé, je rentrerai quoiqu’il en soit dans l’inconnu. Au fil des kilomètres je croise certaines têtes que je connais et reprends plusieurs concurrents pour me situer aux alentours de la quinzième place.

Au kilomètres 37 et après un long passage sur des routes en très mauvais état, j’entends alors un bruit étrange dans ma roue arrière, un “cling cling cling” qui fait penser à celui d’une branche coincée dans les rayons. Je jette alors un coup d’oeil et n’y voit rien de bloqué. Le bruit continue pourtant. Je pose le pied à terre pour voir de quoi il s’agit et me rend compte que je viens de casser un rayon.

Considérant que le jeu n’en vaut pas la chandelle (peur de tout casser voir même de chuter), je décide de ne prendre aucun risque supplémentaire et de rejoindre prudemment le parc à vélo afin de rendre mon dossard aux arbitres. La mécanique s’y met aussi, m’obligeant à plier bagage après seulement 1h40 de course.

DNF et frustration seront donc mes derniers mots… Fin de l’histoire.