Pas plus tard que dimanche dernier, je reprenais la course à pied sur l’une des grandes classiques Parisienne, les 20 kilomètres de Paris. Un an sans participer à une épreuve de course à pied sèche, je me retrouvais néanmoins dans un SAS « à l’avant », ce qui m’a permis de me pointer sans la pression d’arriver tôt pour être bien placé sur la ligne, mais surtout qui m’a laissé le temps d’observer la faune des runners.
Tout commence juste derrière la ligne. On y aperçoit une vingtaine de Kényans au nom un peu compliqué que le speaker a du mal à prononcer. Avec la peau sur les os, vous vous demandez s’ils ont mangé quelque chose depuis une semaine, et surtout comment ils vont réussir à faire 20 kilomètres sans tomber dans les pommes. On a tous un peu de mal à comprendre, mais pour eux, ça ne semble pas poser de problème : 20 kilomètres ce n’est même pas une heure d’effort, comme quoi être léger, ça doit sans doute aider…
Un peu plus loin sur la ligne, vous trouvez les goélettes. Alors là, je dis respect. Déjà que courir 20 kilomètres c’est dur. Alors courir 20 kilomètres en portant quelqu’un, je n’ose même pas imaginer. Il est d’ailleurs toujours bon de leur adresser un petit mot d’encouragement lorsqu’on les double.
Encore un peu plus loin sur la ligne, ça devient du grand n’importe quoi. Je ne citerai que :
- Le Triathlète : il sent le besoin de se distinguer du simple coureur. Il est reconnaissable parmi mille avec sa visière Ironman ou sa trifonction et veut montrer que la course à pied, il ne la pratique généralement qu’après 3,8 kilomètres de natation et 180 kilomètres de vélo.
- La Fashion Victim : il porte sa collection complète de fringues de compression, cuissard, manchon, manchette et maillot… De marque Compressport ou Skin, ça lui donne l’impression d’être gainé malgré son petit embonpoint qu’il a du mal à cacher.
- Le Peintre : vêtu de sa combinaison de protection intégrale blanche, il est prévoyant en se tenant au chaud avant le départ. Avec beaucoup moins de classe – et moins de moyens, il y a également l’éboueur qui porte un sac poubelle sur les épaules.
- Le Goinfre : il porte une ceinture avec toute sa collection de gels – le gel endurance, le gel anti-oxydant, le gel anti-crampe, le gel coup de fouet sans oublier le gel maltodextrine à prendre 5 minutes avant le départ sous peine d’avoir une fringale. A croire qu’il prend le départ d’un trail longue distance.
Une fois le départ donné, et contrairement à la course de vélo que je subis complètement, ici je profite de l’effort pour continuer à observer la population des coureurs à pied.
Comme toujours, il y a celui qui ne peut s’empêcher de couper votre trajectoire et de se mettre dans vos pieds. Je me demande si ce n’est pas le même que le nageur qui vient se coller à vous et vous mettre des coups de savate sur une épreuve de triathlon.
Il y a également l’ancien basketteur. On le reconnait facilement car il arrive toujours à viser juste et lancer avec classe sa bouteille d’eau dans l’une des poubelles qui suit les stands de ravitaillement – Les services de nettoyage aimeraient tant que les organisateurs demandent un licence FFBB plutôt que FFA. Perso, après m’être étouffé avec une gorgée, je jette mes bouteilles au 2/3 pleines comme je peux. Un conseil aux spectateurs : éloignez-vous, vous risqueriez de finir avec un œil au beurre noir.
A mi-parcours, il y a ce groupe de Pom Pom Girls qui se trémoussent en rythme. Je sais pas si c’est moi, mais j’ai toujours l’impression qu’elles me font toute un grand sourire. Si je n’étais pas aussi pressé d’arriver, je m’arrêterais bien récupérer deux ou trois numéros de téléphone.
Il y a également ce malheureux coureur que vous doublez à 4 kilomètres de l’arrivée. Il n’avance plus, il est haletant, à croire qu’il cherche à imiter le cri d’un porc qu’on égorge. Merci à nos amis de la Croix Rouge qui le prendront en charge avant que son coeur ne s’arrête.
Sur le dernier kilomètre, il y a aussi cette belle blonde au cuissard moulant qui vous fait oublier la douleur des dernières foulées, qui vous fait bomber le torse et vous permet de finir votre course avec le sourire.
Enfin après l’arrivée, il y a toujours ces bénévoles serviables qui vous tendent cette médaille que vous n’osez pas refuser et qui finira inéluctablement au fond d’un tiroir.
Quant au podium, je n’en parle même pas. Lorsque vous franchissez la ligne d’arrivée, les vainqueurs – les Kényans du début – ont reçu leur coupe depuis 20 minutes et sont déjà parti faire leur footing de récup’ à une allure indécente de 03:40/km.
et le chrono ? Ma course parisienne préférée en tout cas ; même si le 1 er et les 2 derniers kilomêtres sont un peu dense malgré arrivée à 8h30 sur le pont (pas de chrono référence).
1h19, une de mes courses préférées également : parcours sympa, plutôt roulant, bien située dans le calendrier…
Mdr ! Je suis encore plié … ca m’a bien fait rire 🙂
C’est tellement ça !