Son nom ne vous dit peut-être rien, mais son palmarès est impressionnant. Il a commencé par une carrière de Triathlète, et suite à un accident de vélo, il est devenu biathlète puis paratriathlète. Il s’agit de Yannick Bourseaux, avec qui j’ai eu la chance de discuter. Du début à la fin, ses titres et ses ambitions sont mondiales. Voici ce qu’il est ressorti de notre échange.
Bonjour Yannick, Peux-tu te présenter en quelques mots ?
YB : J’ai 40 ans, je suis Pacsé, j’ai une fille de 5 ans. Professionnellement, je suis professeur de sport avec une affectation sur un emploi réservé aux sportifs de Haut-Niveau à l’INSEP, ce qui me permet d’avoir des conditions optimales pour m’entraîner. Je pratique le triathlon depuis l’âge de 14 ans, avec une interruption relative de 2005 à 2012. Mes principaux faits d’armes en triathlon sont une 2ème place aux championnats d’Europe junior en 1995 et mes titres de champion du Monde de paratriathlon 2005, 2006, 2011 et 2012. En biathlon, je compte 2 participations aux Jeux Paralympiques et 3 médailles mondiales.
Ton handicap est la suite d’un accident. Peux-tu nous expliquer comment cela est arrivé et quelles ont été ses conséquences ?
Cela est arrivé à vélo lors d’une descente de col alors que j’étais en stage avec Nicolas Becker, actuel entraîneur national paratriathlon, et David Haus, 4ème des derniers Jeux de Londres. Je descendais un peu trop vite, je n’ai pas su apprécier la courbe d’un virage, je suis sorti de la route et je suis retombé en contre-bas sur une voiture. Mon pronostic vital était engagé le soir de la chute mais je m’en suis finalement très bien tiré puisque je n’ai comme conséquence de cet accident qu’une paralysie partielle de mon bras droit.
As-tu un jour envisagé d’arrêter la pratique du sport, ou l’envie de reprendre t’est-elle revenue très vite ?
L’idée d’arrêter le sport ne m’a jamais effleuré l’esprit ! Après le CHU, je suis allé en centre de rééducation. Alors que j’étais en rééducation, je remontais déjà sur le home-trainer et j’allais également à la piscine.
Comment s’est passée ta convalescence, ton retour au sport et plus particulièrement sur le vélo où un choc ?
En même temps que je progressais dans la vie de tous les jours, je me rendais compte que je ne retrouverai peut-être plus jamais l’usage complet du bras. Je me suis bien fait à cette idée qui est venue progressivement car d’un autre côté j’étais content d’être là où j’en étais après ce à quoi je venais d’échapper ! Je suis remonté pour la première fois sur le vélo un jour de janvier (mon accident avait eu lieu en août), j’y suis allé seul, sans ne rien dire à personne…. Les copains et ma famille l’ont su une fois que je l’eus fait, comme ça ils n’ont pas pu s’inquiéter !
Tu as eu une longue période après ton accident au cours de laquelle tu as pratiqué le biathlon. Pourquoi ce choix ?
Après l’accident, je suis vite revenu au triathlon handisport. Mais je n’y ai pas trouvé ce que je recherche avant tout en sport : la confrontation avec les autres. A cette époque, le triathlon handisport était très confidentiel. J’ai alors choisi de m’orienter vers un sport plus développé : le ski de fond. Je le pratiquais déjà alors que j’étais valide dans le cadre de ma préparation physique et j’avais envie de le découvrir plus amplement. Du ski de fond, j’ai glissé vers le biathlon car le Directeur Sportif de l’époque gérait simultanément les deux disciplines handisports.
Quand as-tu décidé de revenir sur la scène du triathlon ?
La FFTri a pris les choses en main en matière de paratriathlon lors de la saison 2013. J’ai fait cette saison 2013 dans la suite de la saison de ski. A la fin de celle-ci, le projet qu’avait la FFTri dans la perspective des Jeux a su me convaincre à m’investir de nouveau dans le triathlon. En prenant cette décision, je faisais un trait sur les Jeux de Sotchi pour lesquels je me préparais depuis 2010 avec l’objectif de podium… Aujourd’hui je ne regrette pas ce choix, je sais que la bataille va être rude à Rio et je ne pourrais pas m’en vouloir si jamais je ne parvenais pas à décrocher la plus belle des médailles !
Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce qu’est le paratriathlon ?
Le paratriathlon, c’est le terme utilisé pour parler du triathlon handisport. Un triathlète handisport peut participer à toutes les épreuves proposées si les parcours et les parcs à vélo sont accessibles à son handicap. L’épreuve reconnue au niveau international, c’est le “sprint” et il se court sans drafting. Les paratriathlètes sont répartis dans 5 catégories en fonction des handicaps. Sur ces 5 catégories, 3 seront présentes aux Jeux tant chez les femmes que chez les hommes. On compte un peu plus de 100 licenciés paratriathlon en France. Sur les épreuves internationales, le nombre de participants est limité à 60 pour les Coupes du Monde, 80 pour les championnats continentaux et 100 pour les championnats du Monde. Au Jeux, nous serons 60 au départ (30 femmes et 30 hommes).
Comment arrives-tu à concilier à la fois ta vie familiale et professionnelle, ta vie de sportif de haut niveau et ton handicap ?
Comme je le disais au début de l’interview, je suis affecté sur un emploi réservé aux sportifs de Haut-Niveau. Sans cette affectation, il ne me serait pas possible de concilier vie familiale, vie professionnelle et entraînement sportif avec l’objectif paralympique en tête. Là, je peux organiser mes journées en fonction de mes entraînements et tout se passe très bien.
Arrives-tu à faire abstraction de ton handicap lorsque tu t’entraînes et le vois-tu parfois comme une chose qui permet de te surpasser ?
Mon handicap est un handicap léger, que l’on peut très vite oublier. Sur le vélo, qui est la discipline pour laquelle mon handicap me pénalise le moins et se voit le moins, je n’en fais pas abstraction pour autant. Je suis moins habile dans le pilotage et je dois rester vigilent. Je l’ai appris à mes dépend 8 mois après l’accident en retombant lourdement. En natation, je nage avec des valides et ça me permet de m’impliquer à 100% dans ce que je fais en cherchant des solutions pour parvenir à suivre et faire ainsi pleinement partie du groupe. Pour la course à pied, on pourrait penser que mon handicap est peu gênant Pourtant, dans cette discipline, les choses sont compliquées, je suis en permanence déséquilibré et je me blesse fréquemment. Je dirais que mon handicap ne m’aide pas à me dépasser, je fais avec, toujours à la recherche de mes limites…
Quels sont tes prochains rendez-vous sportifs ?
La saison 2015 va s’ouvrir le 1er mars en Afrique du Sud. Mes 2 objectifs de l’année sont les championnats d’Europe début juillet à Genève et les championnats du Monde mi-septembre à Chicago. J’ai pour objectif de me qualifier dès cette année pour les Jeux de 2016 en montant sur le podium mondial. A côté des courses handisport, je participerai à des courses valides mais je ne sais pas encore lesquelles si ce n’est le M de Cannes le 18 avril.
Encore à grand merci pour à lui pour toute ses réponses. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez également vous rendre directement sur son site Internet, sa page Facebook et son compte Twitter.